Est communicant un objet qui communique. Ce pléonasme nous permet d’introduire tous les objets connectés de type Smartphone, tablettes, ordinateurs. Pédagogiquement, l’objet communicant s’appuie sur l’interactivité comme usage. Le formateur peut connaître en temps réel la réaction des apprenants. Même un amphithéâtre peut être communicant, il suffit par exemple de se doter d’un compte Twitter pour que chacun puisse s’exprimer… Rien de bien compliqué. Et cela permet de construire une communauté apprenante, le rêve d’une agora : apprendre ensemble… L’interactivité devient le nouveau veau d’or. Il faut des formations interactives. Interactivité rime avec vivant, la vie… A contrario, la non-interactivité serait-elle une formation morte ? Dur pour nos anciens. C’est à la fois l’utopie de la démocratie apprenante, le vieux rêve républicain et le fait de développer l’idéologie de l’apprenant acteur de son propre apprentissage.
Interactivité et interpassivité
Mais les objets communicants ne favorisent pas que cette interactivité, ils portent en leur sein son contraire : l’interpassivité, pour reprendre le concept de Slavoj Zizek. L’homme est interpassif à l’objet : l’apprenant, par exemple, contemple un texte et dialogue ensuite, l’objet est actif sur l’individu, je réagis à l’autre. D’ailleurs l’addiction n’est parfois pas loin. La machine agit, l’homme est interpassif. Cette situation a deux conséquences : les objets communicants ne favorisent pas forcement l’autonomie de l’apprenant, bien au contraire, et les objets communicants peuvent favoriser l’apprentissage augmenté, que nous avons vu dans une chronique précédente (1).
Optimisation de l'usage
Mais les objets communicants ne sont pas que des objets qui communiquent entre les hommes. Il s’agit aussi des objets qui communiquent entre les machines, grâce aux puces, « tags », ou étiquettes, qui s’activent quand on les lit, les fameuses puces RFID. Prenons l’exemple du chauffage central, aujourd’hui la majorité des logements sont dotés d’un thermostat central qui détermine la température pour l’ensemble du logement. Avec les objets communicants on sait qui entre dans chaque pièce, quelles sont les activités de chacun, cela permet de chauffer la pièce suivant les besoins réels des habitants. Il y a optimisation de l’usage. Si l’on transpose cela à la formation, chaque étudiant peut être identifié en temps réel avec son niveau, ses compétences, ses besoins, ses ambitions, pour activer une remise à niveau chaque fois que nécessaire, avec une véritable adaptabilité pédagogique. De plus, les objets communicants assurent une traçabilité du parcours via les traces que l’on émet. C’est l’Internet des objets.
L'homme dans la machine
Après avoir eu l’homme face à la machine avec des outils communicants traditionnels, nous avons aujourd’hui l’homme, entouré d’outils communicants qui communiquent avec ou sans lui, mais il est dans la machine. Ce que Matrix avait prédit, l’homme dans la matrice s’impose de plus en plus comme une réalité, et ce n’est qu’un début. La formation tiendra compte de cette évolution et elle deviendra un espace connecté de partage, un hot spot personnalisé adaptable, dans une interface homme machine à inventer. La formation n’utilisera plus les objets communicants, elle sera un objet communicant… Voilà qui a de quoi faire parler… Faute de faire communiquer.

A propos de l’auteur Stéphane Diébold… Il a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (). »

(1) Voir la tribune du même auteur, publiée sur FormaGuide et intitulée : [Qu’est ce que la réalité augmentée peut apporter à la formation ?

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