La notion de pulsion scopique est une notion qui est due à Sigmund Freud, il y a pulsion au même titre que la pulsion de sexe, de mort ou de violence. L'origine des pulsions est souvent énigmatique dans la pensée freudienne, on peut considérer qu'il s'agit d'une donnée extérieure, d’une externalité. Dans certains textes, Freud considérait que la pulsion venait de la biologie, dans le sens mécanique, sans intention… une externalité. Reste donc à piloter cette externalité, c’est le travail de sublimation, être capable d’orienter cette pulsion vers un nouvel objet, la connaissance par exemple. Ce mécanisme est particulièrement bien adapté pour capter l’attention de l’apprenant et l’accompagner avec une ingénierie pédagogique spécifique. En quelque sorte, une réponse à notre monde d’infobésité. Il s'agit de susciter le plaisir de regarder, de stimuler l'envie, d’abuser du voyeurisme pour transformer cette basse pulsion en une action pédagogique. Comment cela est-il possible ?

Une nouvelle relation

Il s’agit de susciter l’émotion ou le choc à partir d’images ou de vidéos pour capter l’attention de l’apprenant et assurer ainsi la transmission des savoirs. C’est la stratégie de l’event learning, faire de la formation un événement ou d’un événement une formation. Le voyeurisme est une question de distance. Soit l’apprenant reste sur les événements et l’apprentissage est difficile, soit il se met en distance avec l’événement et la pédagogie reprend tous ses droits. L’apport de cette technique est la motivation, la mise en mouvement de la formation. La pulsion scopique est-elle sans danger ? A trop regarder, l’apprenant ne risque-t-il pas de se mettre à distance du monde, sans en être acteur ? L’autre devient un tableau, il est fonctionnalisme, il perd sa réalité. La formation pourrait perdre en opérationnalité. Jacques Lacan nous rassure, dans la pulsion scopique c'est l'autre qui est notre regard, je suis le tableau pour l'autre. La relation scopique se comprend dans les deux sens. Nous sommes un spectacle pour les autres autant que l’autre est un spectacle pour moi. Il s'agit davantage d'une nouvelle relation pour capter l'attention et ainsi créer un nouvel échange, sans préjuger de la qualité de l’échange. Il y a autant de plaisir d’être au spectacle que d’être du spectacle. Le spectacle devient une écriture pour apprendre. L’ingénierie pédagogique construit des temps d'apprentissage où l'apprenant est spectateur ou acteur en fonction des épreuves, apprenant qui va rencontrer et du parcours qui va suivre.

Ritualiser de nouveaux processus

La pulsion scopique à son rôle à jouer dans l'écriture de la formation de demain. Avec le spectacle, certains parlent déjà d’une esthétique de la formation ou d’une formation des postures afin de ritualiser de nouveaux processus d'apprentissage. La pulsion scopique est une nouvelle pierre à l'édifice de la pédagogie formative, encore faut-il écrire l'histoire qui fera le spectacle…

A propos de l’auteur :

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement).

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