La question est d’autant plus intéressante, que l’on demande de plus en plus aux formateurs de savoir créer un lien particulier, affectif avec les stagiaires.
D’ailleurs, dans les systèmes d’évaluation, une part essentielle de l’évaluation porte sur la relation entre le formateur et chacun des stagiaires, le fait d’avoir su construire une relation et/ou une ambiance conviviale, et, nombre de primes du formateur sont indexés sur ces résultats. Le formateur a donc tout intérêt à maîtriser cette compétence pour valider sa propre performance. On parle volontiers de « show man », un show suffisamment attractif pour emmener le groupe là où le pédagogue l’a écrit. Il est donc intéressant de voir quelle est la place de la séduction dans l’acte de transmission. - Les théoriciens de la formation ainsi que les praticiens nous proposent des formations qui réintroduisent l’émotion et l’affect dans la relation pour capter l’attention des apprenants, mais aussi pour leur permettre d’apprendre avec une plus grande efficacité, comme nous le montrent les neurosciences. L’animateur de formations est il alors un séducteur qui manipule les sentiments afin d’être plus efficace dans son travail ? Si l’on reprend la terminologie de Mireille Cifali, psychanalyste, il existe 2 catégories qui recouvrent la compétence pré citée : le séducteur et le séduisant. Les 2 répondent à des stratégies différentes. Qui se cache derrière le séducteur ? - Le séducteur est celui qui développe une stratégie active de séduction. Il érotise, au sens psychanalytique, la relation afin de se faire aimer par ses stagiaires. Le formateur va développer des outils de séduction comme un professionnel avec le regard, avec le sourire, avec la synchronisation physique et verbale ou tout autre outil pour donner à l’autre ce qu’il attend au moment de l’acte de formation, en un mot, un professionnel. Assurément, on retrouve dans les communautés d’animateurs ce que l’on retrouve dans les écoles de la séduction, des boîtes à outils qui marchent avec le fameux « comment réussir son démarrage en moins de 2 minutes ». Un professionnel peut efficacement créer du lien en une demi-heure, là où un amateur pourrait mettre entre 4 et 6 heures. Comme les professionnels de la séduction, le formateur est un métier qui fait gagner en efficacité. Et le « séduisant » ? - Quelle est donc la deuxième posture du formateur ? Le formateur peut être séduisant. Il ne s’agit pas d’un qualificatif actif, mais d’un adjectif que les autres portent sur sa façon d’être. Il n'est pas non plus question de choisir des formateurs à forte capacité narcissique, ce qui induit la stratégie de séduction pour faire éclater son propre narcissisme mais d’un animateur qui s’assume dans son être avec ses forces et ses faiblesses. Il assume ses propres faiblesses ce qui crée une adhésion du groupe qui adhère à son univers formatif. En terme plus simple, il s’agit d’être vrai et d’avoir suffisamment d’assurance pour se mettre en danger dans la relation à l’autre, sans perdre la conduite du groupe. Les deux postures ont leur même efficacité puisqu’un séduisant peut être professionnel et un professionnel peut être séduisant. Mais, il s’agit surtout d’interroger la personne qui forme dans son rapport à l’autre, qu’il veut soit impersonnel soit empathique, et, de l’inscrire dans une culture d’apprentissage qui corresponde à la culture de l’entreprise. On a, au final, le formateur qu’on mérite.


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