Quand la formation devient un art

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Loin de la formation traditionnelle en salle, où le stagiaire partage parfois l’essentiel de son temps entre la contemplation passive de diapositives et les aiguilles de sa montre, la formation par les arts peut se révéler très efficace. Une approche qui privilégie la pratique et le recours aux émotions avant tout.
Quel lien entre la vidéo, le théâtre, les mythes et opéras ou encore les percussions ? Les premiers répondront qu’il s’agit d’art, les seconds qu’il s’agit de pratiques formatives. Et les deux auront raison. Depuis quelques années – dès les années 1980 pour le théâtre – ont voit éclore ici et là des pratiques de formation pour le moins originales. Toutes s’appuient sur l’art comme moyen de formation.
C’est ainsi qu’en 2005, le cabinet Alalma voit le jour et propose de former les managers à travers l’étude des mythes et des opéras. Quelques années avant, l’entreprise Sewa Beats propose déjà des formations de team building, de leadership ou d’appréhension du changement via… des percussions ! Dès 1999, l’association Art in fine mise sur l’art pour aider à l’insertion professionnelle. Autant de modes de formation originaux qui, s’ils ne peuvent répondre à toutes les situations de formation, affichent une certaine efficacité dans leurs différents domaines d’activité.
Apprendre par la pratique
« On travaille sur la technique pédagogique de Bertrand Schwartz, explique Gaëtan Le Manchec, président d’Art In Fine. Il s’agit de l’apprentissage par la pratique. » Un apprentissage qui oblige à s’adapter, à se mettre en situation réelle. L’association vient, par exemple, de terminer trois spots de sensibilisation sur le handicap en entreprise et sur les difficultés rencontrées dans ce cadre, avec des travailleurs handicapés. « Ce travail les a aidé à appréhender leur poste, en anticipant sur le travail d’hygiène et de sécurité à mettre œuvre dans l’entreprise pour les accueillir, par exemple », soutient Gaëtan Le Manchec. Une méthode qui permet aussi d’évaluer les potentiels du stagiaire, ses savoirs-être, plus que se savoirs-faire.
Un apprentissage par la pratique qui se fait également via le théâtre. « Les stagiaires expérimentent, ils montent sur scène, appuie Roger Sasportas, dirigeant de RS management, organisme de formation par le théâtre. Ils travaillent beaucoup sur le non verbal : le regard, le corps, la façon de marcher… » Dans le même ordre d’idée, la formation par les percussions demandera de développer sens de l’écoute et de l’adaptation.
Une question de recul
« L’art est un outil médiateur, résume Gaëtan Le Manchec. Il permet de dire avec sans doute plus de finesse. » L’association propose quatre ateliers (écriture de scénario, réalisation de film, création de musique et montage) et les vidéos permettent ainsi de montrer, plutôt que de dire. « Par exemple, lorsque vous réalisez un film avec un jeune de banlieue et que vous le filmez en costume, mais avec une démarche inadaptée, il le voit tout de suite », explique Gaëtan Le Manchec.
Un autre atout de la formation par l’art peut être sa fonction métaphorique, qui permet de prendre une certaine distance avec les situations rencontrées en entreprise. L’analogie est alors moins brutale. Les stagiaires peuvent se sentir moins directement mis en cause.
Surtout, les stagiaires sont dans l’action. « Et, on retient beaucoup plus longtemps les choses vécues que les choses entendues », conclut Roger Sasportas.
Brice Ancelin
Crédit photo : Fotolia.com

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