Quel sera le diplôme du 21e siècle? Par Stéphane Diebold

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Le diplôme est une référence sociale, et la France donne une place particulière à cette institution. Mais avec la montée en puissance de l’autodidaxie et la remise en cause de plus en plus ouverte de son utilité, le diplôme, marqueur social, interroge sa raison d’être. S’agit-il d’une trace du siècle passé ? Et, quel est son avenir au 21e siècle ?

Le diplôme a toujours souffert d’une origine bicéphale, s’agit-il de valider des savoirs acquis ou des attentes du marché ? Autrement dit, une validation de clôture ou d’ouverture. L’histoire du Certificat de Capacités Professionnelles et du Certificat d’Aptitudes Professionnelles, en 1911, illustre bien cette dualité toujours présente…

En entreprise le diplôme est un référentiel. Tout au long des réformes, il a servi d’aiguillon, que ce soit pour les arrêtés Parodi ou même la loi de 1971, le diplôme était considéré comme « essentiel »… le diplôme fait loi. Ce n’est qu’avec la crise que le diplôme a commencé à être questionné… Un problème de débouchés en quelque sorte. A quoi sert-il en effet d’avoir des lettres si aucune entreprise ne nous embauche ? L’institution a été attaquée avec l’émergence du chômage des élites et son corollaire, le déclassement massif. Le diplôme reste-t-il le bon thermomètre pour la qualification ?

 

Si le diplôme reste une institution dans le recrutement, il est souvent nécessaire de le compléter…

Prenons le problème différemment, le diplôme vit et évolue… Dans un monde en rupture, doit-il devenir disruptif ? L’entreprise a déjà abandonné la notion de savoir au profit de compétences dans son processus de qualification… Aujourd’hui, le talent semble donc s’imposer… Si le diplôme reste une institution dans le recrutement, il est souvent nécessaire de le compléter… Dans les technologies numériques, par exemple, un diplôme de community manager nécessite pour être crédible socialement d’avoir un book d’expériences. Dans ce domaine,« le diplôme ne sert à rien » reconnaissait un cabinet de recrutement… S’agit-il d’une attente de diplôme qui se construise ou d’une désacralisation plus large, mettant le diplôme au sein de tout un ensemble d’autres outils ? Chacun est acteur de son employabilité… le diplôme laisse place à une poétique de vie professionnelle. La vie devient une école, le retour de l’expérience vécue et sa mise en valeur devient un atout de discrimination sociale avec le professional branding… Chacun donne de la valeur à ses apprentissages, le storytelling fait-il de chacun un producteur de diplôme, marqueur social de sa vie ? Est-ce la fin des diplômes centralisés ?

 

Le diplôme est un militantisme social. L’Ecole des Mines ou celle des Ponts et Chaussées avaient pour vocation d’aménager le territoire, le diplôme est l’expression d’un engagement. Aujourd’hui, l’école 42, « born to code » se propose de mobiliser les apprenants dans un projet social, une utopie collective… Dans le cas de l’école 42, il n’est pas neutre de penser que c’est une entreprise qui propose cette révolution… Et, sans la reconnaissance de l’état-nation… L’école 42 se targue de ne pas produire de diplômes, mais des emplois… Dans un monde en rupture, quelles sont les institutions qui accepteront de porter une aventure sociale et quelles sont les terres nouvelles qui feront les réussites de demain ? C’est là que se feront les diplômes… Ceux qui sortiront de la fossilisation du 20ème siècle pour faire vivre l’institution dans le siècle qui est le nôtre…

 

A propos de l'auteur

Stéphane Diebold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques).  

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