Alors que les formations de formateur se sont toujours distinguées par leur public particulier, qui induit des apprentissages tout aussi spécifiques, plusieurs évolutions du moment rendent encore plus complexe cet enseignement. Selon Sylvestre Perrault, Directeur des opérations chez Demos qui propose un catalogue d’une trentaine de cursus dédiés dont un cycle certifiant de 11 jours, « on dénombre plusieurs grands facteurs d’évolution : Un nouveau public, de nouvelles façons d’apprendre, et des nouvelles technologies qui influent sur toute la pédagogie. »

Premier élément impactant, la réforme de la formation professionnelle. « Les règles de financement ayant considérablement changé, reprend Sylvestre Perrault, les entreprises et particulièrement les plus grandes ont réfléchi à la mise en place de parcours en interne et envoient donc en formation des salariés très différents des formateurs professionnels que nous recevions auparavant. » Terminée par ailleurs l’époque où le formateur expliquait et où les stagiaires écoutaient sans broncher. Il n’y a plus l’enseignant et son public, mais un groupe et des interactions multiples d’où émerge la formation. « Le formateur sera chargé de distribuer un savoir mais aussi, plus que jamais, d’animer et de dynamiser les échanges. A lui d’identifier les problématiques, et de faire vivre la parole. » Autre raison à la transformation du métier de formateur, l’évolution technologique et les outils dématérialisés tels que Twitter que le formateur devra pouvoir utiliser et intégrer au sein de l’apprentissage. « La posture et l’attitude du formateur sont tout aussi importantes que le message qu’il délivre. »

Le principe de « formation-action »

Parmi les acteurs reconnus en termes de formation de formateurs, l’Afpa qui propose un cursus de huit mois à temps plein de formateur professionnel d’adultes, titre de niveau 3 composée de quatre modules jalonnés de deux périodes en entreprise. « Cette formation propose deux qualifications partielles, explique César Buedo, formateur métiers de la formation et de l’insertion à l’Afpa. A savoir Préparer et animer des actions de formation et Contribuer à l’amélioration de dispositifs de formation et accompagner les apprenants dans leur parcours. » A l’Afpa comme ailleurs, pas de secret, la mise en situation des apprenants est capitale et les deux stages proposés au cœur du parcours très utiles dans une optique de formation-action. « L’une des raisons au succès d’une formation réside en ce principe d’action : Qu’est-ce que je fais de ce que j’apprends, et comment vais-je l’utiliser dans mon travail ? »

Pas étonnant donc de retrouver au sein des formations de formateur des contenus très méthodologiques et de savoir-être de même que des parcours parfois très personnalisés « Les mises en situation que nous proposons, reprend Cesar Buedo, peuvent se dérouler devant le formateur et le groupe de l’apprenant. Elles donneront lieu ensuite à débriefing, ce qui permet une réflexion collective sur la prestation de l’apprenant, enrichie bien sûr par la posture et les commentaires du formateur. »

En clair, le formateur doit pouvoir rassurer celui qui vient sur ce qu’il sait et ce qu’il ne sait pas et comment utiliser ce qu’il aura appris. Et Sylvestre Perrault de conclure : « Ces parcours sont très orientés vers la pédagogie, certains savoirs métiers, ils veulent casser les rythmes, privilégier les petits ateliers, la créativité, et favoriser l’animation. Les stagiaires sont surtout là pour partager, faire part de ce qu’ils savent, prendre de l’expérience du formateur. Un vécu que ce dernier doit pouvoir mettre en musique. « 

Antoine Teillet

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