Pouvez-vous d'abord nous rappeler quelle est la mission d'un OPCA ? - Le premier métier d'un OPCA, c'est de collecter les fonds de la formation professionnelle des entreprises du secteur privé : le 0,5 % pour la professionnalisation et le 0,9 % du plan de formation. Certains OPCA collectent également le 0,20 % au titre du Congé Individuel de Formation. La seconde mission, c'est de gérer et financer les actions de formation ainsi que tous les dispositifs relevant des fonds de la professionnalisation comme par exemple les contrats de professionnalisation, les périodes de professionnalisation, le tutorat... Le troisième volet concerne l'information et le conseil aux entreprises. Il existe aujourd'hui deux types de structures : des OPCA de branches comme l'OPCAIM pour la métallurgie et deux OPCA interprofessionnels et interbranches (AGEFOS PME et OPCALIA) qui collectent les contributions légales des entreprises qui adhèrent volontairement ou via un accord de branche. Quel est le profil des collaborateurs qui travaillent dans les OPCA ? - Les directeurs de région sont généralement des bac+5, école de commerce, juriste, ingénieur, avec un passé professionnel très riche... Chez les conseillers, on retrouve toutes sortes de profils, avec une dominante bac+3, bac+4, et une forte sensibilité commerciale, économique et juridique. Vous avez également des assistantes gestionnaires qui instruisent les dossiers et dont les compétences en gestion sont capitales. Les grands OPCA abritent également, comme toute entreprise, des fonctions transverses comme la comptabilité, les finances, les RH, le marketing, avec un développement important des métiers liés à l'informatique dans un contexte de dématérialisation des processus. Comment sont traités les dossiers ? - Il n'y a pas de place pour la subjectivité. Ce sont les critères de branches et interprofessionnels qui définissent les règles du jeu : les publics prioritaires, le nombre d'heures, les montants de prise en charge par dispositif, l'intégration ou pas des coûts salariaux et des frais annexes comme l'hébergement et le transport. Notre travail concernant la gestion de la formation est en réalité très cadré. On vérifie les critères en fonction des bénéficiaires et de la branche professionnelle, et bien entendu l'imputabilité de la demande par rapport à la définition du code du travail. Nous avons en outre l'impérieuse nécessité d'équilibrer nos fonds afin d'éviter, en fin d'année, d'être dans l'incapacité de financer des actions de formation demandées par une entreprise adhérente. Les OPCA sont au cœur de la réforme de la formation professionnelle qui pourrait notamment imposer des seuils de collecte. Comment vivent-ils cette « menace » qui pèse sur eux ? - Nous sommes habitués à voir passer le train des réformes depuis les années 70. Celle-là ne touchera probablement que peu les dispositifs puisqu'elle est essentiellement systémique. Maintenant, les OPCA qui ne répondraient pas au seuil de collecte envisagé peuvent légitimement se demander ce qu'ils vont devenir dans le nouveau paysage. Il est cependant encore trop pour présager de ce qui va ressortir des négociations en cours et les partenaires sociaux sauront, j'en suis sûre, apporter les réponses à la question qui est finalement posée : quels desseins pour la formation professionnelle demain ? Propos recueillis par Yves Rivoal

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