Les partenaires sociaux s'interrogent sur le rôle du DIF

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Les trophées du DIF, organisés par le groupe Demos le 20 mars 2008, ont été rythmés par de multiples tables rondes autour du sujet. Parmi celles-ci, l'une a réuni les partenaires sociaux autour de la question de la réforme du DIF. L'occasion pour ces derniers de préciser leur position quant à l'utilisation et à la finalité du procédé.
« A l'aube de la réforme sur la formation professionnelle, le DIF représente un lieu de cristallisation des acteurs et des enjeux », commence Michèle Boumendil, directrice du cabinet Boumendil consultant et animatrice de la table ronde intitulée "Quelle réforme du Dif ?"
En effet, au lendemain de la signature de l'Accord national interprofessionnel (ANI) de janvier 2008, la formation professionnelle et en particulier le DIF posent de nombreuses questions. Par exemple, celle de sa portabilité et du financement de cette dernière ou encore celle du statut du DIF. « Est-ce un nouveau droit ? Un nouveau dispositif ? Et s'il s'agit d'un droit, quel mode de régulation sociale et de contrôle ? Est-ce un mode de régulation des compétences ? », s'interroge l'animatrice. Des questions a priori simples, mais dont les réponses ne font pas consensus. ce qui traduit un certain flou quant à la perception du concept. Michèle Boumendil rappelle également l'existence de nombreux rapports sur la question, dont le rapport Carle (rapport sénatorial de juillet 2007 sur la réforme de la formation professionnelle) . « Nombre de ces rapports présentent le DIF comme un dispositif qui va cannibaliser les autres, note Michèle Boumendil. Qu'en est-il vraiment ? » Autant de questions auxquelles ont tenté de répondre les partenaires sociaux présents.
Evaluer avant de réformer
Premier constat opéré par l'ensemble des intervenants : avant de réformer, il convient d'évaluer. Michel Fortin, délégué fédéral FO, appuie : « Dans la future négociation, il faudra prendre le temps de faire le bilan et de faire parler les chiffres. » Un avis partagé par Alain Druelles, coordinateur régional de la formation pour le Medef Ile-de-France, et Paul Desaigues, conseiller confédéral à la formation initiale et continue de la CGT.
Ainsi, Alain Druelles rappelle que les partenaires sociaux évaluent actuellement l'ANI de décembre 2003, portant sur l'accès des salariés à la formation professionnelle tout au long de la vie. Et ce dernier souhaite que cette évaluation soit achevée avant d'engager d'autres changements. Il ajoute : « Nous devons nous habituer à développer une culture de l'évaluation. Et, tant qu'à faire, c'est l'ensemble des politiques publiques qui devrait être évalué de la même façon. »
S'approprier le DIF
Toujours est-il que les partenaires sociaux tirent déjà quelques enseignements des pratiques ayant eu cours jusqu'alors. Tout d'abord, « la notion de DIF s'approprie différemment pour une PME et un grand groupe », précise Michel Fortin. Ce dernier remarque que « si un certain nombre de DRH s'est familiarisé avec la notion, il y a encore un effort pédagogique à mener, notamment auprès des représentants du personnel. »
D'autre part, le délégué fédéral FO souligne un certain manque de dynamisme de la part des organismes de formation. Pour sa part, Paul Desaigues tempère, relevant que la responsabilité relève de l'ensemble des acteurs. Même si Alain Druelles reconnaît également que l'offre de formation proposée n'est pas nécessairement adaptée aux exigences, notamment, du DIF.
Développer des parcours professionnels
En effet, selon Michel Fortin, le DIF doit apporter un second souffle au plan de formation de l'entreprise. Il souligne : « Il est important d'inscrire le DIF dans le parcours de professionnalisation et de ne pas l'enfermer dans un catalogue. Car la banalisation du DIF entraînerait sa mort. » Un point de vue que partage le conseiller confédéral à la formation initiale et continue de la CGT : « Je suis étonné d'entendre parler de dispositif au sujet du DIF. Il s'agit d'un droit ! Mais avec une particularité : celle de répondre à la fois aux besoins de l'individu et de l'entreprise. Il faut donc se placer dans une perspective de parcours, et non d'usage d'un droit. »
De son côté, Alain Druelles temporise et rappelle que la DIF entre dans une dynamique plus générale. Celle des négociations sur la représentativité syndicale et la pénibilité, sur le bilan d'étape professionnelle, sur l'assurance chômage, sur la formation professionnelle et sur la GPEC. Autant d'évolutions qui imposent de « repenser le rapport de l'individu au collectif ».
Une question de statut
Sur la question de la portabilité du DIF, Paul Desaigues avance qu'il est nécessaire « de passer d'un droit à la formation lié au statut à un droit lié à la personne. » Michèle Boumendil s'interroge : « Si ce sont les ruptures de statut qui font que des personnes échappent à l'accès à la formation professionnelle, quelles sont les solutions ? »
Le conseiller confédéral à la formation initiale et continue de la CGT évoque le cas de l'entreprise IBM dont les accords font que toute personne embauchée est reprise avec son compteur de DIF. « Mais cela est facile car il s'agit d'une grande entreprise », commente le syndicaliste.
Car la question essentielle qui demeure est sans doute celle de savoir comment mettre en œuvre un processus adapté à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.
L'animatrice conclut : « Nous sommes tous d'accord sur l'utilité du processus à mettre en œuvre. Le rendez-vous est fixé à l'année prochaine avec les partenaires sociaux pour voir les résultats des négociations. »
Brice Ancelin
http://www.demos.fr Lire l'article "Sénat : le grand chantier de la formation professionnelle"

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