Faut-il réduire les budgets formation en temps de crise ?

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A l’heure ou nombre d’entreprises sont confrontées à une baisse d’activité voire à des difficultés financières, grande est la tentation de diminuer les budgets de formation pour réaliser des économies ? Philippe Rossignol, directeur général d'Amplitude, un cabinet spécialisé dans le développement du capital humain, pèse le pour et le contre. Faut-il réduire les budgets de formation en temps de crise ? - Si l’entreprise est confrontée à des difficultés financières importantes, la formation constitue est, il est vrai, un levier très important d'économies à court terme. Une société qui investit 3,5 % de sa masse salariale et qui décide de couper dans ses budgets pour se conformer à l'obligation légale va économiser 2 % de sa masse salariale. Cela peut représenter des sommes considérables. Au-delà de cet argument purement financier, vous avez également beaucoup de directions générales qui décrètent que dans la tempête, tout le monde doit être sur le pont et pas en formation. Ceci étant dit, je ne crois pas que cette stratégie soit rentable à moyen ou long terme. Pour quelles raisons ? - L’entreprise y perdra en motivation, en fidélisation, en engagement, en compétences... Cette perte est difficilement calculable, mais elle peut s’avérer très préjudiciable. Beaucoup d’entreprises font d’ailleurs le calcul inverse. Elles profitent de la baisse d’activité pour renforcer les compétences de leurs collaborateurs. Nous avons par exemple un client, un gros site de production, qui a décidé de former tous ses managers opérationnels qui produisent moins et disposent donc d'un peu plus de temps. « Optimiser le retour sur investissement plutôt que couper les budgets » A contrario, il faudrait donc mettre encore plus l'accent sur la formation en temps de crise ? - Pour moi, c'est une vraie conviction, mais avec un corollaire : la rentabilité. La formation est un investissement qui coûte cher et, en ce moment, l’argent et le temps doivent être parfaitement utilisés. La vraie question à se poser n'est donc pas de savoir s'il faut ou non diminuer le budget de formation, mais de tout mettre en œuvre pour optimiser le retour sur investissement. Autrement dit : comment faire pour qu'un euro investi dans la formation en rapporte trois. Cette posture, quoi qu'on en dise, n'est pas encore complètement entrée dans les mœurs. Selon vous, de quel côté va pencher la balance ? - J'ai lu récemment dans un grand quotidien économique que le marché de la formation serait encore en croissance cette année. Pour notre part, on ne constate absolument pas de baisse de l'activité, mais un raccourcissement des processus de décision. Vous avez des clients qui nous contactent pour mettre en place en trois semaines des volumes de formation important. Et si les équipes de terrain sont moins présentes, cette baisse est largement compensée par les efforts adressés en direction des managers, des collaborateurs du back office ou des systèmes d'information... Les entreprises n'investiraient pas massivement dans la formation, et pour certaines, au-delà de l'obligation légale, s'il n'y avait pas pour elles un intérêt stratégique. Tout le monde s'accorde à dire aujourd'hui que la formation est un moyen de développer les compétences, de fidélisation et de valorisation des équipes. Aujourd'hui, lorsque vous recrutez un jeune collaborateur, après avoir négocié le salaire, la mutuelle et les RTT, la question qui vient sur la table est celle du développement des compétences. Cette réalité, les entreprises ne peuvent pas l’ignorer, même en temps de crise. Yves Rivoal

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